Les Fêtes Vénitiennes à New York

 

LES FETES VENITIENNES -
LES FETES VENITIENNES – Compositeur Andre CAMPRA – Direction Musicale : William CHRISTIE – Mise en scene : Robert CARSEN

Le Brooklyn Academy of Music (BAM) situé au cœur de la zone touristique de Brooklyn, a accueilli les 14, 16 et 17 Avril derniers Les Fêtes Vénitiennes ; un opéra comique français qui continue d’émouvoir le monde.

Cet œuvre gigantesque conduit par William Christie et dirigé par Robert Carsen est un opéra-ballet d’André Campra, avec un prologue et trois entrées – Le bal, Les Sérénades, et l’Opéra – présenté pour la première fois à l’Académie Royale de Musique en 1710. Cette Opéra-comique qui met en scène des intrigues galantes et malicieuses sur un fond de carnaval de Vénise a été créée sur un livret d’Antoine Danchet.

Pour se faire une idée de ce qu’est exactement ‘’Les fêtes Vénitiennes’’, il faut remonter au siècle dite des lumières. À cette époque, l’opéra essayait de se réinventer pour sortir de la période pas très glorieuse de Louis XIV. La plupart des auteurs se tournaient vers la comédie et ses accoutrements propres : l’intrigue, la séduction, la galanterie des personnages, une diversité dans les propositions et la vie dont la sérénité de l’heure commandait, pour offrir une certaine joie  de vivre à cette société un peu triste.

Cet opéra va connaître un grand succès au XVIIIème siècle du fait de la présence de la danse. La danse qui, pourtant avait été intégrée au tout début dans l’opéra français, allait connaître enfin son apogée. Assoiffé de facilité et de légèreté, le public est rapidement conquis par cette formule qui ajoute des entrées à n’en plus finir. Malgré ce coté plutôt populo, l’opéra-ballet apparaît parfois somptueux et plaisant avec ses intrigues combinables à merci

À New York, récemment Les Fêtes Vénitiennesa offert un visage de toute jeunesse par la justesse de ton des actrices et acteurs convoqués pour la circonstance. Magali Léger, soprano (la Raison, Lucile, Lucie), Elodie Fonnard, soprano (Iphise, La Fortune), Rachel Redmond, soprano (Irène, Léontine, Flore), Emile Renard, mezzo soprano (La Folie, Isabelle), Reinoud Van Mechelen, ténor (Thémir, Un Masque, Zéphyr), Cyril Auvity, High ténor (Maître de Danse, Suivant de la Fortune, Adolphe), Sean Clayton, ténor (Démocrite), Marcel Beekman, ténor (Maître de Musique, Maître de Chant), Jonathan McGovern, baritone (Alamir, Damir, Borée), François Lis, bass Héraclite) ont brillé de mille feux sous la baguette de ce metteur en scène hors pair qu’est Robert Carsen.

Plus de trois siècles après sa création, l’opéra-ballet  Les Fêtes Vénitiennes continue de faire des émules un peu partout à travers le monde.

Prince Guetjens (Critique)

La Musique Populaire Haïtienne à New York

P. Guetjens, Adam Igins & AlegbaDès qu’on veut entamer une quelconque discussion sur la musique haïtienne, la musique dansante prête immédiatement le flanc. Puisqu’il faut commencer par là, disons qu’il est triste de souligner que ces cinq dernières années n’ont pas été clémentes à New York, pour la tendance musicale initiée par le saxophoniste Nemour Jean Baptiste en 1955 ou 1957. Nos musiciens restent cloîtrés à une même routine. Un bal par-ci et par-là, pour un public haïtien pauvre en nombre. On ne perçoit aucune volonté de la part des groupes et des “faiseurs de bals“, faute de responsables d’une industrie sérieuse, de pousser cette musique au-delà du mur.

Mais à coté, il n’existe pas grand chose non plus, au sein des autres tendances. Les musiciens haïtiens de ce coté-ci de l’atlantique vivotent au coup par coup, à défaut d’une véritable prise en charge, capable de canaliser et fédérer les énergies des créateurs. On peut compter aussi sur les doigts d’une main, les musiciens ayant quelque chose à exposer. Le milieu ne manque pas de “vedettes“, mais, très peu d’artistes.

Chacun veut paraître à tous les prix, parfois au détriment de lui-même, pour faire comme l’autre. En chaque guitariste, tambourineur ou n’importe quel autre instrumentiste sommeille un chanteur en puissance, qui attend son heure, sans prendre pas au sérieux, pour autant, l’instrument qu’est la voix. Ils ne respectent pas suffisamment cet instrument pour se soumettre à un apprentissage sérieux. Résultats, ils hypothèquent, sans le savoir, le peu de considération qu’ils avaient acquis au maniement de l’instrument qu’ils maitrisent davantage.

Aujourd’hui il est difficile d’énumérer avec certitude à New York les guitaristes qu’on peut au besoin, intégrer dans un projet artistique sérieux. Pour la plupart, les musiciens sont davantage portés vers “l’artitude“, pour reprendre un concept cher au poète Gary Augustin, qu’à travailler leur instrument. Ils s’exposent dans toutes les postures, à tous les “events”, avec ou sans invitation, en espérant ainsi pouvoir “percer” le marché américain. C’est à se demander dans quelle discipline ils veulent vraiment briller entre la musique, la mode ou autre chose.
Prince Guetjens
Critique d’art